Par FIFA.com
Il y a dix ans, Andriy Shevchenko a vu ses exploits en club et en équipe nationale couronnés par la plus prestigieuse des récompenses individuelles, le Ballon d'Or. Sous son impulsion, l'Ukraine va accéder pour la première fois de son histoire à la phase finale d'une grande compétition internationale, la Coupe du Monde de la FIFA, Allemagne 2006™. Dans un championnat italien réputé pour sa rigueur défensive, Shevchenko a frappé à 127 reprises pour l'AC Milan, ce qui le place au deuxième rang du classement historique des meilleurs buteurs rossoneri derrière le Suédois Gunnar Nordahl. Avec l'Ukraine, son compteur indique 48 réalisations pour 111 sélections. Il a notamment marqué à l'occasion de la première victoire de son pays dans l'épreuve mondiale.
On pourrait s'attendre à ce qu'un attaquant soutienne Cristiano Ronaldo ou Lionel Messi dans la course au FIFA Ballon d'Or 2014. Pourtant, Shevchenko ne cache pas sa préférence pour Manuel Neuer, le gardien de l'Allemagne. Au micro de FIFA.com, le buteur revient sur son Ballon d'Or 2004 et les qualités des nominés, notamment celles des candidats au titre d'Entraîneur de l'Année de la FIFA pour le football masculin.
Andriy Shevchenko, en tant qu'ancien lauréat, que représente le FIFA Ballon d'Or à vos yeux ?
Ce prix est très important pour moi. C'est la plus grande récompense individuelle pour un footballeur. Tous les joueurs rêvent de la remporter. Quand j'étais enfant, je m'imaginais brandir ce prestigieux trophée. Je suis passé tout près de le gagner à différentes occasions. Quand mon heure est finalement venue, j'étais fou de joie. J'avais le sentiment d'avoir réalisé l'un de mes rêves.
Qu'avez-vous ressenti le lendemain ?
Lorsque vous êtes joueur, vous avez des habitudes. Les matches s'enchaînent. Le lendemain était un jour comme les autres. Le quotidien a repris ses droits. On pense au prochain match, à l'année prochaine. On avance, en essayant de gagner autant de matches que possible.
Que retenez-vous de l'année 2004 à l'issue de laquelle vous avez remporté le Ballon d'Or ?
Je m'en souviens très bien, c'était l'une de mes meilleures saisons. J'étais en forme et je me sentais bien. Tout me réussissait à l'AC Milan. Nous avons réalisé de belles choses en championnat et en Ligue des champions. C'était aussi l'année de notre qualification pour la Coupe du Monde 2006 en Allemagne. Nous étions pourtant tombés dans un groupe très difficile. Je savais que, pour avoir une chance de remporter le Ballon d'Or, je devais réaliser de grandes choses en sélection. Nous avons disputé quelques matches en septembre, en octobre et en novembre. Nous avons notamment rencontré la Turquie et le Danemark, ce qui m'a donné l'occasion d'inscrire des buts importants. Nous avons obtenu d'excellents résultats et nous nous sommes qualifiés pour Allemagne 2006. Ce bon parcours a contribué à mon élection.
Vous avez récemment déclaré que Manuel Neuer était votre favori pour le FIFA Ballon d'Or 2014. Vous avez eu l'occasion d'affronter de grands gardiens tout au long de votre carrière. Qu'est-ce qui le distingue des autres ?
J'ai suivi la Coupe du Monde et, pour commencer, il a remporté le titre. Il a été extraordinaire. Il ne s'est pas contenté de tenir le rôle d'un simple gardien ; il était aussi le dernier défenseur de son équipe. Il a participé à la construction du jeu, en apportant une aide précieuse dans la relance. Neuer n'est pas seulement un grand gardien, c'est un grand joueur.
Il se trouve maintenant en concurrence avec Cristiano Ronaldo et Lionel Messi. Un portier peut-il devancer des attaquants de cette trempe dans la course au Ballon d'Or ?
Cristiano Ronaldo et Lionel Messi ont de bonnes chances de l'emporter. Le Real Madrid a gagné la Ligue des champions et Ronaldo reste son attaquant numéro un. En Coupe du Monde, l'Allemagne et l'Argentine se sont livré un duel fabuleux en finale. Dans des conditions difficiles, Messi a réussi de très bonnes choses pendant ce tournoi. Il a joué pour l'équipe. Sur le plan individuel, il a moins brillé qu'à l'accoutumée, mais il a beaucoup donné pour les autres. Si l'Argentine s'est hissée en finale, c'est en partie grâce à lui. Les trois prétendants ont des arguments, mais Neuer a tout de même ma préférence car je trouve qu'il s'est révélé décisif aussi bien pendant la Coupe du Monde qu'au cours de sa saison avec le Bayern Munich. Il a été fabuleux tout au long de l'année.
Carlo Ancelotti est candidat au titre d'Entraîneur de l'Année. Vous avez joué sous ses ordres à Chelsea et à l'AC Milan. Quel genre de technicien est-il ?
Chaque fois que je parle de Carlo, ça me donne le sourire. C'est un magnifique entraîneur et un grand ami. Je conserve de très bons souvenirs des moments passés ensemble. Nous sommes d'ailleurs toujours en contact. J'étais ravi de le voir gagner la Ligue des champions avec le Real Madrid. Ils ont connu des moments difficiles en début de saison mais en fin de compte, ils ont tout de même atteint leur objectif. En ce moment, cette équipe paraît invincible. Je savais exactement qui il était lorsque j'ai rejoint l'AC Milan. Depuis son arrivée, le Real est devenu une équipe spectaculaire, qui sent parfaitement le jeu. C'est le résultat du travail entrepris par Carlo, même si il a également eu la chance d'avoir sous ses ordres d'excellents joueurs.
Quel est votre meilleur souvenir commun avec Carlo Ancelotti ?
Il s'agit naturellement de notre triomphe en Ligue des champions car en football, il n'y a rien de plus beau que la victoire. Les meilleurs souvenirs sont toujours des souvenirs de victoires. Remporter la Ligue des champions n'est pas facile. Notre équipe avait du caractère et entretenait une relation forte avec son entraîneur. C'était fantastique. Carlo était un technicien extraordinaire, mais il était aussi et surtout notre ami.
Il va devoir notamment faire face à la concurrence de Joachim Löw. Que pensez-vous du travail réalisé par Löw à la tête de l'Allemagne ?
C'est époustouflant. Il dirige cette sélection depuis longtemps et il a construit un groupe capable de remporter la Coupe du Monde. Il mérite ce titre, car il travaille très bien. Il a su gérer la pression qui accompagne toujours les favoris. Il avait à sa disposition des joueurs de grand talent, qui donnaient l'impression de s'amuser sur le terrain. L'Allemagne pratique aujourd'hui un football de rêve, grâce à la superbe entente qui règne entre ses titulaires. Les Allemands sont capables de maintenir la pression pendant 90 minutes. Lorsqu'ils doivent se sacrifier pour défendre un résultat, ils n'hésitent pas à le faire. C'est magnifique de voir la solidarité qui anime cette équipe. Löw a réalisé des choses extraordinaires et il ne semble pas près de s'arrêter. Il retire aujourd'hui les fruits de sa victoire en Coupe du Monde, tout comme ses joueurs.
Le dernier prétendant est Diego Simeone, qui présente un profil assez différent de Löw et d'Ancelotti. Que pensez-vous de lui ?
Je l'apprécie énormément et j'ai beaucoup de respect pour ce qu'il a accompli. L'Atlético de Madrid est un bon club, mais il n'a pas souvent eu l'occasion de briller en Ligue des champions ces dix dernières années. Cette équipe a compté de grands joueurs dans ses rangs, sans toutefois parvenir à s'imposer régulièrement au plus haut niveau. Je me souviens bien du joueur Diego Simeone. Il donnait toujours le maximum sur le terrain. Il était très agressif et je retrouve ce caractère dans son équipe. Il connaît bien le jeu et sait ce qu'il peut attendre de son effectif. Il a bâti une relation forte avec son groupe. Ses joueurs se battent pour lui car ils apprécient sa philosophie. C'est incroyable de voir son équipe lutter pendant 90 minutes. Il a réussi à la mener en finale de la Ligue des champions et à remporter le championnat d'Espagne. C'est un bel exploit.
Enfin, en tant qu'ancien lauréat du FIFA Ballon d'Or, aimeriez-vous passer un message aux nominés de cette année ?
Les amis, vous êtes tous de grands joueurs. Vous êtes des légendes vivantes. Il n'y aura pas qu'un seul gagnant ; vous êtes tous des vainqueurs. Vous êtes tous le plus grand joueur de la planète et nous avons eu grand plaisir à vous voir jouer. J'espère que vous profitez de cette belle occasion!